Compteur Linky : la méfiance persiste
Pourquoi les Français ne veulent-ils pas des compteurs Linky chez eux ? Ce compteur continue d’alimenter les débats. Certains le surnomment Big Brother, en faisant référence au roman 1984 de George Orwell. Aude Danieli, sociologue et docteure à l’Université Paris Est Marne-la-Vallée, en a fait l’objet de sa thèse. Elle a étudié ce cas entre 2012 et 2016 en interrogeant 130 personnes en faveur ou non du compteur. Elle donne les réponses dans une interview à Capital.
En 2010, lorsque les premières installations ont été faites, le dysfonctionnement du compteur Linky en a fait rager plus d’une. Certaines personnes ont vu carrément leur facture exploser. Un lynchage médiatique s’en suit et « C’est cette vision négative qui a fini par s’imposer dans toute la France ». Depuis, les associations ont monté la voix pour toutes sortes de raisons : « Bien plus que les clients eux-mêmes, ce sont les associations qui ont mené – et qui mènent encore – la bataille. La question de la santé, par exemple, a été portée par les organisations anti-ondes comme Robin des Toits ou Next-up ».
Compteur Linky : des ondes mortelles à la violation de la vie privée
Les associations accusent également le compteur Linky de violer la vie privée des clients. Cette affligeante nouvelle ne fait qu’anéantir un peu plus la réputation du compteur. Nous savons à quelle point la protection des données personnelles est un sujet très sensible.
Aude Danieli s’interroge : « Mais le succès indéniable de la mobilisation tient surtout au fait que le nouveau compteur vient percuter des problématiques très sensibles dans l’opinion : qu’est-ce que la liberté dans une société de surveillance où les données personnelles risquent à tout moment d’être piratées ? Comment protéger notre santé face au déferlement d’objets communicants, dont on ne maîtrise pas toujours les effets à long terme sur les organismes ? »
Elle a tout de même souligné qu’il ne faut pas croire toutes les rumeurs à propos des compteurs Linky. Certains disent qu’ils prennent tous feu, d’autres racontent qu’ils diffusent des ondes mortelles. « Mon analyse, c’est que les opposants au Linky qui diffusent de fausses informations à son sujet n’y croient pas forcément. Ce à quoi ils adhèrent, c’est à l’indignation ».
Les associations, selon elle, propagent toutes sortes d’idées farfelues à propos de ce compteur. «Faire croire, par exemple, qu’une caméra est cachée dans le compteur permet de poser de façon efficace et spectaculaire la question de la protection de la vie privée » avance-t-elle.
Les opposants au compteur… paieront les surcoûts générés !
Actuellement, 90% des ménages ont des compteurs Linky installés chez eux. La Commission de régulation de l’énergie (CRE) a donc mené une consultation publique entre novembre 2021 et janvier 2022. Son objectif : « Définir le nouveau cadre de régulation incitative qui s’appliquera au projet Linky jusqu’en 2024 ». Les mesures ne vont pas être tendres envers ceux qui refusent l’installation du petit boîtier.
Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsqu’ Enedis envoie un gestionnaire faire les relevés des compteurs, il devait défrayer un coût supplémentaire.
«La CRE considère que l’ensemble des clients qui empêcheraient encore la pose d’un compteur Linky durant cette phase de déploiement diffus doivent supporter les surcoûts générés». Ainsi, ils recevront les factures tous les deux mois. Ils devront également payer 8.30 euros supplémentaires jusqu’à ce qu’ils acceptent qu’on leur installe un compteur Linky.