Durant son premier mandat, Emmanuel Macron n’a pas pu réaliser la réforme de retraite. En guise d’explication, le président a avancé que “Les conditions ne sont pas réunies pour relancer ce chantier”. Néanmoins, la situation semble avoir changé. Explications !
Une situation compliquée pour Emmanuel Macron
La situation tend à changer puisque l’homme d’État a tenu à transformer son discours : « il n’est plus question de donner naissance à un système nouveau et universel ». D’ailleurs, Emmanuel Macron a choisi de dévier son chemin pour quelque chose de plus simple : une réforme paramétrique. Cette dernière ne s’adapte qu’avec les modalités du système en place. Désormais, son système veut faire reculer le départ à la retraite à 65 ans.
Il paraît qu’Emmanuel Macron songe également à passer en force, selon François Lenglet, éditorialiste chez RTL. Sur le site, on peut lire qu’il s’y prépare. Pourtant, selon les propos de Raul Magni-Berton, enseignant-chercheur à l’Institut d’Études Politique de Grenoble (IEP, Sciences-Po), la solution est plus compliquée que cela ne semble.
Réforme de retraite : passage en force du président ?
Raul Magni-Berton précise que “Plusieurs éléments doivent être pris en compte. Rappelons d’abord qu’un président de la République et son exécutif ont toujours plus de latitude d’action en début de mandat. Dès lors, une telle réforme est plus simple à mener tôt dans le quinquennat”. En effet, ce spécialiste de la politique pense que le principal problème demeure ailleurs : “Surtout, le chef de l’État gouverne avec une minorité. Dès lors, toutes les dynamiques changent et ce n’est plus le capital politique qui compte : ce qu’il faut, c’est la capacité à trouver une réforme sur laquelle construire une majorité”.
Cependant, si le président et l’exécutif veulent adopter leur système, ils devront convaincre la majorité. Ainsi, la légitimité de leur réforme serait renforcée. D’ailleurs, Raul Magni-Berton ajoute que “S’ils trouvent effectivement une majorité, cela veut dire que la réforme aura été renforcée par la négociation. Elle sera mécaniquement mieux acceptée. Les conditions sont là, d’ailleurs, puisque Les Républicains pourraient, sous certaines conditions, se retrouver sur la nécessité de réformer les retraites”. Un “passage en force” s’annonce donc dans l’air. Toutefois, François Lenglet déclare que “Ce ne serait pas très rationnel, mais LREM n’était pas connue pour tenir compte des oppositions”. Le risque est à prendre.
La balle de match pour Emmanuel Macron ?
Raul Magni-Berton poursuit son discours sur le sujet. “Pour mener à bien sa réforme, Emmanuel Macron dispose de trois options : soit il a su avoir le blanc-seing du Parlement, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui, soit il remporte un référendum, soit il opte pour le 49-3”, souligne-t-il. Avant d’ajouter que la troisième option présente de nombreux risques pour le président. “C’est tout ou rien. Si ça ne marche pas, les oppositions pourront très facilement faire chuter le gouvernement et l’exécutif pourrait, en retour, décider la dissolution de l’Assemblée nationale. Tout le monde y perd potentiellement, même si la situation favorise globalement les oppositions”.
Ce serait donc un mauvais détour pour le président. Par contre, l’État ne peut que réussir : il n’aura probablement plus l’occasion d’essayer après son premier coup. Pour conclure, l’enseignant-chercheur a avancé que : “Ce n’est évidemment pas la dernière chance pour la réforme des retraites. En revanche, c’est la dernière pour ce gouvernement.”