D’autres problèmes plus importants ont masqué la réforme des retraites ces derniers temps. Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, a dit que « Toutes les pistes » sont étudiées. Cependant, Emmanuel Macron a fait savoir que la question ne peut plus attendre. Les explications !
L’ambition du chef de l’État
Pendant sa campagne présidentielle, Emmanuel Macron souhaite reporter progressivement l’âge légal du départ à la retraite de 62 à 65 ans. Cela afin d’inciter les citoyens à travailler plus longtemps. En revanche, sa façon de valider ce changement sème le doute.
Alexandre Delaigue a indiqué que « Ce genre d’initiative sent, de fait, l’expédient politique. Difficile de ne pas y voir une volonté de ne pas débattre, puisque le budget compte parmi les textes de loi qui ne peuvent pas ne pas être voté. C’est une question pratique : il faut pouvoir payer les fonctionnaires l’année prochaine, par exemple ». D’après lui, il trouve que cette manière de faire évoque un « coup politique ». En revanche, c’est tout à fait cohérent avec les institutions de la République.
La réforme des retraites serait-elle un problème démocratique ?
On ne peut pas confirmer que c’est un problème démocratique, si nos institutions rendent possible la manœuvre envisagée. Néanmoins, elle pourrait être mal prise par la population. Alexandre Delaigue rappelle qu’« Aujourd’hui, il y a une forte attente de participation commune, à laquelle l’exécutif a fait mine de vouloir répondre en évoquant des débats et la convocation de conventions collectives ». De plus, il poursuit en affirmant « Faire voter la réforme des retraites comme un simple amendement du PLFSS, c’est l’application d’un programme centré sur les obsessions d’un groupe restreint de hauts-fonctionnaires qui décident de tout au sommet. Ce n’est pas jouer la carte du consensus, de l’apaisement ou renvoyer le message d’une politique changée. »
Le sujet de la réforme des retraites fait très souvent parler la communauté. Ainsi, l’économiste indique qu’« Il faut solder ce sujet, arrêter d’en parler tout le temps : entretenir le sujet de la sorte, laisser planer le spectre de réformes qui se succèdent les unes après les autres, c’est bloquer toute visibilité pour les Françaises et les Français qui ne savent jamais à quelle sauce ils seront mangés. Leur seule certitude, c’est que la retraite dont ils bénéficieront demain est regardée dès aujourd’hui par la classe politique qui, de facto, y voit une marge de manœuvre budgétaire potentielle. » Ensuite, il ajoute que « Nous avons besoin d’un système pérenne plutôt que d’un flou permanent, qui entretient l’angoisse et les mauvaises politiques ».
Cette réforme est-elle utile ?
Alexandre Delaigue parle d’un problème moins politique : « La nécessité de la réforme des retraites se discute. Depuis très longtemps, elle est jugée nécessaire, car elle répond d’une volonté de réduire la progression du poids des pensions dans le PIB. Aujourd’hui, il est d’environ 16%. Sans intervention, il sera forcément amené à croître, compte tenu du vieillissement de la population française. Or, une série de rapports et d’études estiment qu’il faudrait plutôt le ramener à 14% pour éviter des problèmes économiques ».
Il conclut par : « L’autre aspect, à ne surtout pas perdre de vue, c’est la dimension budgétaire. Les pensions de retraite constituent, aujourd’hui, le gros morceau dans lequel aller chercher des marges de manœuvre supplémentaires. L’éducation, la santé, la défense sont autant de domaines qu’il n’est plus possible de toucher. L’action budgétaire ne peut donc que se concentrer sur les retraites et cela ne traduit pas nécessairement une réflexion sociétale poussée sur ce que devrait être le bon âge de départ ou la place du travail ».